Par Nathalie Marchal La Famille Jonqueres d’Oriola Sauts d’obstacle, vins et médailles d’or
Voici une belle histoire : celle d’une vieille et noble famille française, illustre non seulement dans le monde hippique, mais aussi à travers le vin qu’elle produit avec soin, amour et respect du terroir depuis 27 générations.
La famille Jonqueres d’Oriola

Des cavaliers de légende dans le Roussillon

Nous sommes au cœur du Roussillon, au bord de la Méditerranée, là où les journées sont chaudes et les nuits agréablement fraîches. Le Château de Corneilla del Vercol y a été bâti sur le territoire des Aspres, entre Collioure et Perpignan, par les chevaliers des Templiers au 12è siècle. En 1485, la famille Jonqueres d’Oriola, originaire de la Catalogne du Sud, s’y installe et commence son activité de vigneron. Très influente dans la région, elle se partage entre la gestion de ses terres et la vie publique à laquelle elle participe très activement. L’amour de la terre, elle le cultivera de génération en génération. « Mon grand-père Joseph était à la tête d’une très grosse propriété vinicole, avec 400 hectares de vignes », évoque Philippe Jonqueres d’Oriola, l’actuel propriétaire du domaine. « Et par dessus tout, il aimait les chevaux ». Nous y voilà...

La famille Jonqueres d’Oriola
1939 - Christophe & Pierre

Car la famille s’est maintes fois distinguée dans l’univers équestre. « Champion du monde dans les années 20, c’est lui qui a appris à mon oncle et à mon père à monter à cheval », se souvient-il. Ce faisant, Philippe aime à raconter des anecdotes : « En 1928, lors d’un concours hippique international auquel mon grand-père participait, tous les cavaliers décidèrent, pour honorer la présence du Roi d’Angleterre Georges V qui y assistait, de tenter un exercice extrêmement difficile : faire le parcours à l’envers. Mon grand-père fut le seul à y arriver, tous les autres étaient tombés ! » Quant à son oncle, il n’était autre que Pierre Jonqueres d’Oriola, qui fut plusieurs fois médaille d’or aux Jeux Olympiques et Champion du Monde de saut d’obstacle. « Il a gagné plus de 350 Grands Prix et a été sacré meilleur cavalier du 20è siècle », poursuit-il. On le constate, l’amour des chevaux fait vraiment partie de l’esprit de cette famille... Mais la fierté des médailles olympiques ne s’arrête pas là, comme en témoignent celles que remporta un autre membre de la lignée, Christian d’Oriola, en escrime. Des sportifs donc, avec une sérieuse tradition de perfectionnisme dans le sang...

La famille Jonqueres d’Oriola
La famille Jonqueres d’Oriola

Le vin des champions olympiques

Et ce perfectionnisme n’est pas sans aller avec un sens prononcé du défi... Aujourd’hui, c’est celui de cultiver les vignes du domaine en associant un savoir-faire ancestral avec les technologies modernes, des sélections qualitatives rigoureuses et une agriculture raisonnable respectueuse de l’environnement. Car le nom de cette famille, qui a fait la fierté de sa région au travers de ces multiples exploits sportifs, est également associé à la mise en valeur d’un terroir dont elle signe les grands vins. En effet, faire du vin dans la même famille et au même endroit depuis le XVème siècle, voilà qui n’est pas banal. « Nous avons fêté l’année dernière les 530 ans de nos vins, ce qui est assez exceptionnel », confirme William Jonqueres d’Oriola, le fils de Philippe.

La famille Jonqueres d’Oriola
Philippe Jonqueres d’Oriola et son fils William

William et le domaine

Une école de commerce, des études d’œnologie, un premier job chez l’un des plus grands distributeurs français de vin et un tour du monde basé sur le vin pendant un an et demi... ­William a acquis une belle expérience avant de rejoindre son père ­Philippe, en février 2010, aux commandes de la propriété. Ce jeune homme à l’attitude à la fois posée, volontaire et extrêmement enthousiaste, nous explique que tous leurs vins sont issus de leur production, et qu’ils sont en phase finale d’acquérir le label ‘Haute Valeur Environnementale‘. Une manière pour eux de mettre en avant la biodiversité et le concept d’agriculture ‘raisonnable’, tout en pensant aux générations futures. Et de fait, le vignoble, qui est morcelé en plusieurs parcelles sélectionnées avec rigueur, est cultivé dans un profond respect de la terre et du terroir. « Comme le disait si bien St-Exupéry, on ne possède pas la terre, on l'emprunte à nos enfants », rappelle William.

Cueillir le raisin quand il est frais

Pionnier de la fermentation à basse température dans les années 70, Philippe Jonqueres d’Oriola a changé l’image des vins du Roussillon, qui étaient réputés pour être chauds et alcoolisés. « Alors que la tradition voulait que l’on cueille le raisin pendant la journée, mon père a initié les vendanges entre 4h et 9h du matin et l’élevage à basses températures », explique William. « Ce n’est pas du tout le même type de vinification que quand les raisins sont chauds. Cela prend 3 à 4 semaines au lieu de 12 à 15 jours, et on laisse travailler la  nature ». Résultat ? Un côté soyeux, de la fraîcheur et une très belle finesse.

Une gamme étendue

Et quand on parle de sélection parcellaire... Dans ses vignobles, la famille a toujours cherché à obtenir une maturité optimale en terme de cépages. « C’est primordial pour la qualité des vins », précise William. « Nous avons des vignes à 300 m du bord de la mer méditerrannée, et d’autres, plus dans les terres et proches du Mont Canigou, sur ce que l’on appelle les ‘Terrasses Quaternaires’ à 120 m d’altitude au pied des Pyrénées.

La famille Jonqueres d’Oriola
La famille Jonqueres d’Oriola

Des vignes qui se partagent donc entre deux propriétés viticoles, le Château de Corneilla et le Domaine du Paradis, et représentant la mozaïque des très bons terroirs du Roussillon sur plus de 18 cuvées. Nous avons également pris récemment en charge une propriété sur Collioure en partenariat avec la famille Tourane ». Et bon sang ne peut mentir, le clin d’œil au monde équestre y est bien présent, avec des noms comme Pur Sang ou Cavalcade. « Pur Sang est sur toutes les tables d’événements prestigieux comme Rolland Garros, les 24 h du Mans, le Bourget ou le Festival de Cannes », pointe William, « et Cavalcade, c’est parce que nous avons, mon père et moi, fait chacun un tour du monde basé sur les vins à quarante ans d’intervalle, et que c’est le premier vin que nous avons fait ensemble, comme une façon de sceller notre partenariat ».

Une identité reconnue

Egalement très présents en restauration étoilée, chez les cavistes et sur les tables des belles adresses traditionnelles, ces vins sont primés au Guide Hachette et couronnés de médailles d’or dans les plus grands concours nationaux et internationaux. La culture de la médaille d’or est décidément très importante dans la famille... Car présenter leurs vins sur les concours fait partie intégrante de la démarche de qualité qui leur tient particulièrement à cœur. «  Une médaille d’or représente un repère pour le consommateur, et de plus, en tant que vigneron, la reconnaissance de ses pairs est quelque chose de très important ».
A noter qu’ils n’en demeurent pas moins accessibles, que ce soit, entre autres, en Côtes du Roussillon, en Côtes du Roussillon Village ou en Cru. Un positionnement juste, avec une identité très forte, des générations de travail et 530 ans de culture de la qualité.

La famille Jonqueres d’Oriola

« Le plus important, c’est l’adaptation du vigneron à son terroir », conclut le jeune homme. « Sur un cheval, quand on essaie d’être le meilleur pour gagner une médaille d’or, c’est une question de démarche. Le cheval doit être en pleine forme, il faut qu’il ait un bon mental. Et pour le cavalier, c’est la même chose. Alors pourquoi être différent quand on fait du vin ? ».

A 4 mètres sous terre

Mais qu’y a-t-il donc là ? La cave personnelle de William Jonqueres d’Oriola ! Située dans la cour intérieure du Château de Corneilla, il s’agissait initialement d’un puits, il y a 800 ans, ou plus exactement d’une citerne d’eau, qui récupérait l’eau de pluie des toits. Avec une capacité de 100.000 litres, elle servit par la suite de lieu de stockage pour le vin quand, en 1927, les récoltes furent si abondantes que les caves ne suffisaient plus à les contenir. Et aujourd’hui, William y conserve l’historique de tous leurs crus. Un endroit surprenant et bien sympathique !

La famille Jonqueres d’Oriola
Joseph Jonqueres d’Oriola sautant un obstacle de 2,10 mètres

Et en Belgique ?

“« La Belgique représente un marché très important pour nous, dans le sens où  beaucoup de Belges apprécient notre terroir et la finesse de nos vins », souligne William. « Et nous faisons partie des plus vieux domaines de France, avec une très belle histoire que nous avons envie de partager ». Représentés par Wellens Raes, les vins de la famille Jonqueres d’Oriola pourront notamment être dégustés lors du Knokke Hippique, en juillet prochain. De quoi savourer, entre autres, leur fameux Gris-Gris, ce rosé très apprécié des fins palais, ou encore, inspiration équestre oblige, Pur Sang ou Cavalcade, qui valent eux aussi le détour. Un rendez-vous à ne pas manquer !

La famille Jonqueres d’Oriola
Pierre Jonqueres d’Oriola & Pierre Durand

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